Egon Schiele

 « Chez Schiele, le style de la vie et le style de la création ne différaient en rien car, en lui, l’homme et l’artiste constituaient un tout indissoluble; parce qu’il dut mourir à l’âge de 28 ans, tout ce qui d’habitude s’étend sur de longues années resta fortement condensé. Il est simultanément enfant, adolescent, homme mûr et vieillard; un enfant qui possède la maturité de tout ce qu’on peut vivre, un adolescent qui se sent mourir, un homme en qui tous les excédents d’énergie n’ont pas fini de se dépenser, un vieillard qui vit dans les rêves heureux de l’enfance. C’est là que s’enracine le regard pénétrant et visionnaire de Schiele »
Hans Tietze
Egon Schiele naît le 12 juin 1890 et suit des études secondaires à Krems puis à Klosterneuburg, en Basse-Autriche. Il entre en 1906, à l’âge de 16 ans, à l’Académie des Beaux -Arts de Vienne et, plus précisément, dans l’atelier de Christian Grienperkerl, qui fut l’un des maîtres de Richard Gerstl. Après la mort de son père, en 1905, le jeune homme avait été placé sous la tutelle conjointe de sa mère et de son oncle Leopold Czihaszek. Ce dernier céda au souhait de la mère d’Egon Schiele de le voir suivre des études artistiques.
Curieux et intéressé par tout, le jeune Egon Schiele est naturellement sensible à l’atmosphère d’ébullition culturelle de  Vienne. À l’Académie, il reçoit une formation solide, par exemple en anatomie humaine, mais se détache progressivement du conservatisme qui imprègne sa vision de l’art et du style historisant et vieillot de l’“époque de la Ringstraβe”.

Même si les premières œuvres du jeune Schiele sont essentiellement des paysages, il s’intéresse très tôt à l’autoportrait, qui est une thématique inhabituelle à l’époque. Quelques dessins de ces premières années comme Autoportrait (1906) ou Autoportrait avec bandeau au front (1909), permettent d’observer comment l’artiste commence à s’écarter des conceptions académiques pour s’intéresser aux concepts modernes inspirés de la “Sécession”, déclinaison viennoise du Modernisme international menée par Gustav Klimt, comme l’usage fluide de lignes ornementales.

 Un bon exemple de ce rejet de l’académisme est l’un des premiers et des plus beaux nus de cette première époque : Nu féminin semi-étendu (1908), dans lequel une figure féminine repose dans une posture à demi-inclinée que Schiele traite avec un rythme et une fluidité extraordinaire.
Une série de portraits confectionnés entre 1909 et 1910 comme le Portrait du peintre Anton Faistauer (1909) ou la magnifique aquarelle Le Violoncelliste (1910), montre comment, dès ces années, commence à poindre le style incomparable et unique de l’artiste. Et même s’ils conservent quelques traits caractéristiques de l’Art Nouveau, ils anticipent déjà le langage corporel expressionniste propre à un Egon Schiele qui, d’un côté, profile la figure et, de l’autre, omet l’objet en adoptant des perspectives inhabituelles, dans un équilibre parfait entre l’imitation réaliste et l’abstraction la plus pure.
En 1909, il quitte l’Académie pour fonder le Neukunstgruppe, le Groupe pour un nouvel art, avec Anton Faistauer, Anton Peschka, Franz Wiegele, Hans Massmann, Hans Böhler, Albert Paris von Gütersloh. Le groupe exposa en à la galerie Gustave Pisko en décembre 1909 et en février 1911. Leur credo est d’affirmer que :« L’artiste nouveau se veut un créateur dégagé de toutes les traditions et de tous les modèles et qui n’appliquait aucune recette toute faite».  En 1909, l’oncle de Schiele renonce à exercer ses fonctions de tuteur et cesse de le soutenir financièrement. Remarqué par Arthur Roessler, critique d’art, Schiele fait la connaissance de collectionneurs importants et fait son entrée dans un nouveau milieu social. En avril-mai 1911, il bénéficie d’une exposition à la galerie Miethke sur Grabe.
A partir de 1910 commence une période créatrice extraordinairement féconde au cours de laquelle l’artiste autrichien crée une série de portraits d’enfants qui se caractérisent par un réalisme cru et naturel et qui se comptent parmi les plus émouvants de toute son œuvre comme les trois gamins de rue (1910), la Jeune fille nue aux cheveux noirs (1910), ou encore la Jeune fille nue assise(1910). Schiele y libère la représentation érotique du nu du poids de la caricature ou de la photographie pornographique en éliminant l’antagonisme historique entre le beau et le laid et en donnant à ce genre une nouvelle place de choix dans l’art.
Dès cette année là, Schiele commence à faire preuve de liberté dans ses expérimentations picturales. Dans le Nu masculin assis, où il se présente sous forme d’un corps amputé de ses mains et de ses pieds a pu choquer par son exhibitionnisme assumé et par l’articulation des zones du corps par un dessin sec et des couleurs jaunes ou orangées. L’auto-expressionnisme associé aux artistes viennois se déploie dans ses autoportraits marqué par le jeu des visages et mains tourmentés. Il se met en scène tout en pratiquant une forme d’ autoanalyse.
« Egon Schiele peut être considéré comme l’un des observateurs les plus assidus de sa propre personne, mais tend également à faire penser qu’il s’agit là d’un être que l’on pourrait qualifier de narcissique. »
Richard Steiner
En 1911, il séjourne à Krumau, en Bohême, avec Wally Neuzil, sa compagne et son modèle, et choque les habitants par son mode de vie et ses œuvres. Il part pour Neulengbach où il est incarcéré, du 13 avril au 3 mai 1912, pour diffusion de dessins contraires aux bonnes mœurs, l’accusation de détournement de mineure n’ayant pas été retenue par la justice. Un autoportrait exprime ses souffrances d’alors : Entraver l’artiste est un crime, mai 1912.
En 1911, Egon Schiele, accompagné de sa jeune compagne et modèle, Walburga “Wally” Neuzil (1894–1917), s’installe à Krumau (aujourd’hui Český Krumlov, République tchèque),
lieu de naissance de sa mère, petite et pittoresque cité médiévale du sud de la Bohème, en quête d’une vie plus paisible et calme qu’à Vienne. Dans une lettre à son beau-père, Schiele écrivait :
« Vienne est le règne de l’ombre, la ville est noire, tout y est artificiel. Je veux être seul. Je veux aller en forêt de Bohême. Mai, juin, juillet, août, septembre, octobre ; il me faut voir et explorer des choses nouvelles, je veux goûter de sombres eaux, des arbres grinçants, je veux voir des airs sauvages, m’étonner de clôtures décomposées, je veux les vivre, je veux entendre de jeunes forêts de bouleaux et des feuilles frémissantes, voir de la lumière, du soleil et jouir du vert bleuté des vallées humides au crépuscule. Sentir briller des poissons rouges, voir se construire des nuages blancs, parler aux fleurs. Contempler des herbes, des gens aux joues roses, de vieilles églises respectables, savoir dire les petits clochers ; je veux parcourir sans retenue de rondes collines couvertes de champs et traverser de grandes étendues, je veux embrasser la terre et humer les mousses chaudes et douces ; alors je donnerai forme à de belles oeuvres : des champs rayonnant de couleurs… « 
Toutefois, et bien que Schiele doive une bonne part de sa célébrité à ses paysages urbains de Krumau, le concubinage de l’artiste et le recours fréquent à des enfants et à des adolescents comme modèles heurte de front les valeurs de cette ville conservatrice et l’artiste est contraint de quitter les lieux. Toujours accompagné de Wally, il s’installe de nouveau à la campagne, cette fois à Neulengbach, à 35 km à l’ouest de la capitale.
Peu à peu, Schiele commence à être connu dans les cercles artistiques et, en 1912, il participe à plusieurs expositions, non seulement à Vienne, mais aussi à Budapest et à Munich. Mais cette année-là est aussi celle d’un autre tournant dans sa vie puisqu’il est arrêté et conduit à la prison de Neulengbach sous l’accusation d’avoir séquestré une mineure, fille d’un officier de marine. Bien que l’accusation se soit révélée sans fondement, Schiele est accusé d’“exhibition de nus érotiques”, puisque les mineurs qui lui rendaient visite pouvaient voir ces dessins dans son atelier, et il est finalement condamné à 24 jours d’emprisonnement. Un de ses dessins est même brûlé dans un geste symbolique.
Entre le 19 et le 27 avril de cette année 1912, Schiele peint en prison une série d’aquarelles qui reflètent son état de panique, comme :
– Je ne me sens pas puni mais purifié ! 20-4-1912 (Nicht gestraft, sondern gereinigt fühl ich mich!)
– La porte sur l’ouvert 20 -4-1912 (Die Tür in das Offene) qui figurent dans cette exposition.
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Suite au désagréable épisode de la prison, l’artiste quitte également Neulengbach pour revenir, après plusieurs voyages, définitivement à Vienne. Tout le long des années 1913 et 1914, Schiele, de nouveau grâce à la médiation du critique Arthur Roessler, prend part à diverses expositions en Allemagne : Munich, Hambourg, Breslau, Stuttgart, Cologne, Dresde et Berlin. Et parallèlement des œuvres d’Egon Schiele sont montrées à Rome, à Bruxelles et à Paris, ce qui augure d’une prometteuse carrière internationale.
Vers la mi-1913, le style de dessin de Schiele se caractérise par les contours irréguliers au crayon et par la sensation d’instabilité des figures au sein de la surface picturale comme nous pouvons le voir dans Torse féminin à la chemise relevée (1913).
Vers 1914, il commence à tendre vers la schématisation et vers une géométrie qui s’éloigne beaucoup du naturel. Voyons par exemple la magnifique gouache Rédemption (Erlösung), 1913, dans laquelle le volume et la plasticité de la tête et des mains contraste fortement avec l’aplat des éléments textiles ou Nu féminin agenouillé aux bras étendus ( 1914), dans lequel l’incertitude existentielle sur le genre humain est rendue patente par l’élimination de tout regard ou geste de la femme représentée ainsi que de toute référence à un contexte.
Cette même année, il commence à travailler dans son atelier avec le photographe Anton Josef Trcka. Schiele apparait sur une série de photographies. La dramatisation théâtrale des poses adoptées par l’artiste et son propre langage gestuel, caractéristique de l’expressionnisme, expriment parfaitement sa contribution à ces images.
Mais le déclenchement de la première Guerre Mondiale (1914–1918) vient mettre brutalement un frein à toutes ses espérances. Considéré au départ comme inapte au service militaire, il est cependant appelé en juin 1915 mais grâce à l’appui de ses amis et aussi de quelques officiers qui admirent son talent, il évite d’être envoyé au front. Destiné dans divers bureaux à Vienne et en Basse-Autriche, il y dessine et y dispose même un certain temps d’un atelier. Cette même année, il se marie à Vienne avec Edith Harms, l’une des filles d’une famille petite-bourgeoise qui vit en face de son atelier à Vienne.
Edith et sa sœur Adele deviennent alors des modèles habituels de Schiele.
 Dans son Portrait d’Edith Schiele (1915), l’artiste reflète l’émouvante et mélancolique expression faciale de celle qui était alors sa jeune fiancée, tandis que dans Portrait de la belle-sœur de l’artiste, Adele Harms(1917), au naturalisme accusé, Adele apparaît dans une élégante robe à rayures noires et blanches et toute l’attention paraît centrée sur l’ornementation de la figure.
Le dessin Couple assis, de 1915, reflète magistralement, sous les traits d’un couple d’amants dans lequel l’homme s’abandonne dans les bras de la femme comme un pantin désarticulé, la profonde conviction de l’artiste en la solitude totale de l’être humain dans le monde et en l’abîme infranchissable qui sépare l’homme et la femme.
Ce pessimisme existentiel qui vacille dans la rencontre allégorique entre la vie et la mort est présent tout le long de la trajectoire de Schiele.
Le Portrait d’Hugo Koller date de 1918 et est conservé à Vienne. Médecin et physicien, industriel dans le domaine de l’électrochimie, amateur d’art et bibliophile, le Docteur Hugo Koller (1867-1948) était mariée à la peintre paysagiste Broncia Koller-Pinell (1863-1934) liée aux artistes de la Sécession. Le couple Koller découvrit Schiele en 1918 à l’occasion de la 49ème Exposition de la Sécession. C’est en avril 1918 que Koller commande son portrait à Schiele qui travaille non en atelier mais chez le modèle, entouré de ses livres dans lesquels il semble incrusté et qui forment un paysage étrange.
Schiele rencontra Adèle et Edith Harms lorsqu’il revint à Vienne en 1912 pour s’installer dans le quartier de Hietzing. Il épouse Edith le 17 juin 1918. C’est une jeune femme issue d’un milieu bourgeois qui ne ressemble en rien à celles dont avait pu s’éprendre le peintre jusqu’ici. Les premiers mois de mariage sont difficiles en raison des obligations militaires auxquelles doit répondre le peintre qu part à Prague quelques mois avant de revenir à Vienne. Schiele peint plusieurs portraits de sa jeune épouse, l’un très «klimtien», Portrait d’Edith Schiele debout, 1915, La Haye, Gemeentemuseum, et l’autre plus mélancolique, Portrait d’Edith Schiele assise, parce qu’il recouvrit, à la demande de l’acheteur, Frans Martin Haberditzl, directeur de la Staatsgalerie de Vienne (ancien nom du Belvedere) la jupe bariolée que sa femme aimait porter.
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La Famille, 1918, est une œuvre douloureuse parce que Schiele se tient auprès de sa femme et de l’enfant dont ils rêvaient et qui ne vit jamais le jour. Schiele meurt le 31 octobre 1918, trois jours après sa femme, tous frappés par l’épidémie de grippe espagnole, et douze jours avant l’effondrement de l’Empire austro-hongrois La Famille est un portrait de groupe et un tableau philosophique à la manière de Klimt. Schiele travailla à ce type de compositions dès 1910 et leur point commun est de présenter l’obsession de la mort qui est la caractéristique de son œuvre.

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Mère décédée, 1910, offre une opposition brutale du visage cadavérique d’une mère portant en son sein un enfant lumineux portant déjà des mains d’adulte.
Les œuvres qui suivent Visionnaire II , 1911, Vienne, Leopold Museum, et Agonie, 1912, Munich, Neue Pinacothek, le présentent face à ses démons, la Mort elle-même (sous ses traits) et Klimt, dont il cherche à se libérer.
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La Mort et la jeune fille, 1915, a été interprétée comme une dernière étreinte désespérée entre Schiele et Wally Neuzil, sa maîtresse, au moment où il lui apprend son prochain mariage avec Edith Harms.
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Mère et deux enfants, enfin, 1915, est une vision terrifiante de la maternité associant la vie et la mort dans la destinée de chacun des deux enfants.
Ce sont les œuvres à sujet amoureux ou érotique de Schiele qui ont suscité le scandale de son vivant, lui aliénant parfois certains commanditaires.Cardinal et religieuse (Caresse), 1912, Vienne, Leopold Museum, considéré comme une parodie du Baiser de Klimt, cherche à briser le tabou sexuel autant que le tabou social mais provoque un tollé général.
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Il poursuit dans cette voie cependant avec une série de dessins présentant des jeunes filles et des jeunes femmes dont certains révèlent un érotisme un peu morbide, liant le sexe à la mort, une réflexion qui fut aussi celle de Picasso ou du peintre norvégien Edvard Munch.
En 1917, Femme allongée, est un nu audacieux à l’esthétisme contrôlé, mais plus apaisé, où l’on voit une jeune femme inscrite dans un linge aux nombreux plis sur fond jaune, insouciante du spectateur et centrée sur ses désirs. La Femme assise à la jambe repliée, 1917, Prague, galerie nationale, est, d’après certains spécialistes de Schiele, une image de Wally Neuzil, souvenir ou regret.
« Egon Schiele a vu et peint des visages humains qui ont des lueurs pâles, qui sourient douloureusement, qui ressemblent à des visages de vampires à qui leur répugnante nourriture fait défaut. Les visages de possédés (!), dont les âmes sont purulentes, et qui coagulent des souffrances inouïes en un masque pétrifié… Dans ces visages humains, il a vu et peint des yeux froids comme des pierres précieuses, qui rayonnent du pâle reflet de la décomposition, et il a peint la mort sous la peau. Avec une grande candeur, il voyait des mains tordues, déformées, des mains décharnées aux ongles jaunes… Mais on se trompe en pensant qu’il peint toutes ces choses par perversité… »
Richard Steiner
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En 1918, les nus deviennent solaires et, par conséquent, moins tourmentés, les Deux femmes accroupies, sont plaquées sur un fond très coloré laissant derrière elles le pan de l’œuvre de Schiele à connotation symboliste.
« À l’heure actuelle, je suis principalement observant le mouvement physique des montagnes, l’eau, des arbres et des fleurs. On est partout rappelé des mouvements similaires dans le corps humain, des impulsions similaires de joie et de souffrance chez les plantes. »
Schiele a traité également le paysage, en 1911 et 1912, sur les conseils de son protecteur Arthur Roessler et le Petit arbre de fin d’automne, 1911, avec ses grêles branches tourmentées, se fait l’écho de la pensée et des sentiments de l’artiste, pourrait-on y voir une forme d’autoportrait ?
 

Toujours désireux de paix, Schiele avait de grandes ambitions pour l’après-guerre, comme contribuer à une nouvelle éducation humaniste de la jeunesse et collaborer à l’édification d’un monde nouveau et meilleur. Mais à l’automne 1918, sa femme, Edith, est atteinte de la grippe espagnole— qui ravage l’Europe et cause des millions de morts— et meurt le 28 octobre alors qu’elle est enceinte de six mois. Puis l’artiste, qui l’avait soignée, tombe à son tour malade et meurt trois jours plus tard à l’âge précoce de 28 ans.

Sa trajectoire fut certes brève, mais la contribution d’Egon Schiele au développement de l’art au XXe siècle a été unique.
« Je voulais regarder les Hommes en colère avec amour
Pour obliger leurs yeux à me rendre la pareille
Et les envieux,
je voulais les combler de cadeaux et de dire
Que je ne valais rien. »
  • Petit voyage arc-en-ciel à travers les oeuvres de Schiele :

– les bleus :

-Les jaunes
-les violines
-les verts
-les rouges :
– les noirs
-Les blancs
-les motifs

« Saveur du rouge, parfum des blancs vents berceurs,
Vois dans l’immensité : soleil.
Contemple de jaunes scintillements d’étoiles,
Jusqu’à te sentir bien et fermer tes mirettes.
Des mondes cérébraux étincellent dans tes cavernes.
Laisse trembler en toi les doigts intérieurs,
Goûte l’élément »

Egon Schiele

Petit voyage des corps schieliens :

« Je voulais regarder les Hommes en colère avec amour
Pour obliger leurs yeux à me rendre la pareille
Et les envieux, je voulais les combler de cadeaux et dire
Que je ne valais rien. …
J’entendais de doux vents-tourbillons
Fendre les lignes d’air
Et la jeune fille,
Qui lisait d’une voix plaintive,
Et les enfants
Qui me regardaient avec de grands yeux
Et répondaient par des caresses au regard que je leur rendais
Et les nuages au loin
Ils posaient leurs bons yeux plissés sur moi.
Les jeunes filles blafardes et blanches me montraient
Leurs jambes noires et leurs jarretelles rouges
Et parlaient avec des doigts noirs.
Mais moi, je pensais aux mondes lointains:
digitales.
Si j’étais là moi-même,
Je l’avais à peine su. »

Schiele, Ich ewiges Kind

  • les mains
  • la peau
  • les sexes
  • les dos
  • Les Autoportraits
  • Sa soeur, Gerti Schiele
  • quelques couples
  • les tournesols
  • les arbres
Et Schiele écrivait :
« C’est au plus profond de l’être, entre l’âme et le cœur, qu’on ressent un arbre d’automne au milieu de l’été. C’est cette mélancolie que je veux peindre. »
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